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Vive la vie !

J’apprends avec une grande joie qu’Élise et Bernard attendent un enfant. Après six enfants et dix petits-enfants, je reste toujours aussi ému par une naissance annoncée, même en dehors de ma maison.

Certains esprits chagrins, prisonniers de leurs convictions et tiraillés par leurs soucis de santé, se prennent pour le centre du monde qu’ils jugent à l’aune de leur misère vieillissante. Pour eux, la vie, et en particulier la vie à naître, est une absurdité. Ils incarnent hélas cette civilisation de mort que des penseurs pourtant plus âgés qu’eux dénoncent avec insistance et espérance.

Attendre un enfant, c’est oser le pari de la vie. C’est entrer dans le pari éternel lancé par la vie en s’installant sur notre planète. Et que de pièges a-t-il fallu qu’elle contourne ! Séparation, rassemblement et concentration croissante des poussières d’étoiles, jusqu’à notre cerveau : une merveille de plasticité et de complexité, le siège de notre conscience réfléchie qui nous transporte au delà de nous-mêmes, au-delà de notre humanité telle que nous la vivons et telle que nous la peuplons avec ces enfants que nous accueillons.

La vie dont la transmission nous est confiée, à nous humains, jaillit normalement d’un acte d’amour. Dans ce contexte, amour rime avec fidélité. Fidélité au pari de la vie et fidélité réciproque entre ces deux humains acteurs de cette transmission. Je commence à croire qu’il s’agit de la même fidélité. Car l’enfant que le couple accueille témoigne et de la vie et de cette fidélité tant qu’il vivra, lui et sa descendance.

Cet acte d’amour s’exprime dans la reconnaissance et l’acceptation de différences fondamentales, sexuelles mais aussi sociales, psychologiques, intellectuelles. C’est parce que chacun des deux reste lui-même dans sa différence avec l’autre, que la rencontre est possible. Qu’elle est féconde. Qu’elle nourrit et affermit la fidélité réciproque. Voilà nos fondements que les dérives prométhéennes actuelles (elles ne sont pas nouvelles ! ) essaient de nous faire oublier.

Ma joie est profonde car toute vie annoncée me recentre sur notre rôle dans le pari de la vie, de ce mystère qu’il nous faut découvrir et approfondir sans cesse. Toute naissance est accueil d’un mystère. Autrefois, et certains y veillent encore aujourd’hui, la naissance levait une partie du voile en révélant le sexe de l’enfant, avant les cheveux, les yeux ou le menton des parents. Puis vient l’accueil, chaque jour, du mystère d’une histoire unique liée aux rencontres, et en particulier la rencontre avec le mal qui sort de chacun de nous ou de la nature. Il me plaît à penser que dans le respect de notre liberté, le Père de toute vie se réjouit en découvrant comme nous notre mystère au fil de nos jours.

Un enfant qui s’annonce, est un signe peut-être plus fort aujourd’hui qu’hier, qu’une nouvelle humanité est en gestation. Après Hiroshima et Tchernobyl, après l’accord récent sur le climat, avec internet et tant d’autres événements, il faudrait être de bois pour ne pas voir qu’un bourgeon est là.

Que deviendra cet enfant ? Que deviendra notre humanité ? Mystères de la vie et de l’amour. Qu’il nous reste à accueillir, fidèlement au fil des jours, pour laisser vivre la vie. Malgré tout !

Daniel DUBOIS

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