Archives mensuelles : avril 2015

Comme un souffle, une vie

J’avais évoqué ici même, il y a un peu plus d’un an, le décès du père Bogros. Nous sommes revenus chez nous ce vendredi saint au soir, après une semaine d’absence. Et nous avons trouvé dans le courrier, un livre dont j’ai repris le titre pour ce billet. En sous-titre : Père Victor Bogros, prêtre en Auvergne. Préface de Stan Rougier [2014, Saint-Léger éditions].

L’auteure, Annie Campagne-Poudérous, a longtemps cheminé avec le père. Son livre nous est envoyé par une amie, épouse du parrain décédé de notre troisième enfant. L’histoire de ce parrain mérite d’être contée. Nous avions été invités, mon épouse et moi, chez une amie de la paroisse. Le père y était, ainsi qu’une amie du groupe de bible, et un couple d’amis très attachés au père. Nous avions déjà deux enfants, et comme mon épouse finissait la bouteille ouverte pour le dessert, notre ami a évoqué le troisième en blaguant. La nouvelle était réelle mais un peu précoce, et nous n’osions pas encore en parler. Mais l’amitié et l’ambiance de cette soirée nous ont permis de répondre : « Tu ne crois pas si bien dire ! » Il nous rétorque à juste titre, l’aînée ayant vingt mois et le deuxième à peine six : « Non, ce n’est pas vrai ! Si c’est ça, je le baptise ! » Voilà comment on se retrouve parrain ! Notre amie du groupe de bible a été choisie comme marraine bien entendu, et le père Bogros a célébré le baptême.

Annie Campagne-Poudérous fait un portrait fidèle du père quand elle parle non seulement de son don de parole, mais aussi de son amour de la vie, des relations, et des relations de fête en particulier. Notre anecdote est significative des moments que le père aimait partager et qu’il facilitait à sa manière. Ah ! Si tous les chrétiens savaient cueillir le bonheur que la vie leur offre, ils sauraient mieux le proposer aux autres !

Je conseille très fortement ce livre à tous ceux qui pour quelque raison que ce soit, sont déçus par la religion chrétienne, à tous ceux qui doutent face au décalage entre le message reçu et le témoignage de ceux qui l’expriment. Le père, comme nous l’appelions, a été un homme heureux sans jamais être naÏf. « J’ai tout entendu ! » Sa vie et ses paroles sont profondément enracinées dans une relation d’amour dont nos amours humaines, comme il le disait à Stan Rougier qui le rappelle dans la préface, ne sont qu’une pâle figure. Il invitait chacun, sans jamais lui intimer un ordre ni même un conseil quelconque, à rejoindre cet absolu d’amour dont sa vie et sa joie témoignaient si spontanément.

Sa parole – et grand merci à Annie de nous transmettre des homélies enregistrées – respectait chacun dans sa situation, dans son désir. Mais quel appel ! Il y a du Zundel dans ses homélies, du Maître Eckhart aussi. Des mots simples, profonds, toujours actuels.

Que ce livre nous arrive un vendredi saint au soir n’est pas anodin pour moi ! Au moment où tout est achevé, dans le temps du grand silence, quand le Christ visite le séjour des morts. Clins Dieu titrait Stan Rougier [1989, Salvator] ! Le père Bogros n’est plus présent parmi nous. Mais pour nous, il reste bien vivant et, apparemment, il n’a pas perdu son sens de l’humour !

Qu’à la suite du père Bogros, cette fête de Pâques vous soit source de joie et d’espérance. L’humain est désormais transformé par l’amour divin dans sa chair, dans son intelligence et dans ses sentiments. Jésus ressuscité a inauguré une nouvelle ère pour l’humanité. Sachons y vivre.

Daniel DUBOIS

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