Je n’ai pas l’intention aujourd’hui de vous souhaiter une nouvelle fois une bonne année. Je m’interroge simplement sur ce souhait qu’en PNL nous appelons une violation du méta-modèle. Voici.
Comme son nom l’indique, la programmation neuro-linguistique (PNL) s’intéresse de très près à la programmation de nos neurones et aux liens entre notre langage et cette programmation. J’ai abordé récemment ce sujet dans un billet sur Korzybski. Le méta-modèle est un ensemble de règles qui accompagnent notre manière de parler et qui, en elles-mêmes, sont porteuses de sens. Un peu comme le langage non-verbal dont les mimiques disent parfois l’inverse des paroles. Où est la vérité ?
En PNL donc, nous sommes très attentifs aux violations du méta-modèle. Celle qui m’intéresse ici est l’emploi de comparatifs sans référentiels. Comme dans l’expression « Meilleurs vœux », courante en ce moment. Car « Meilleur » est un comparatif. On l’emploie à la place de « plus bon », comme « pire » est employé à la place de « plus mauvais ». On est donc en droit de s’interroger, si rien ne le précise dans ce qu’on entend, « meilleur que qui ? » ou « meilleur que quoi ? »
Une violation du méta-modèle, consciente ou pas, volontaire ou pas, est un déni de précision. Pour le dire simplement, on parle pour ne rien dire. Le mot ou l’expression n’ont aucune signification. Pire, ils laissent celui qui les entend imaginer avec assurance le sens qui lui plaît, sans chercher à le vérifier avec celui donné par l’émetteur. C’est la base de l’hypnose. C’était l’art des sophistes au temps des premiers philosophes grecs. C’est aujourd’hui l’art des discours politiciens dont on dit que leurs promesses n’engagent que ceux qui les entendent !
Il est fort probable que dans l’expression « meilleurs vœux », un glissement sémantique s’est opéré : « meilleurs » est pris dans le sens de « très bons ». De même qu’on ne dit pas « plus bons », on hésite à dire « très bons » et on dit à la place « meilleurs ».
Mais quand on dit par exemple d’une blague que « c’est la meilleure de l’année », on sous-entend « par rapport à toutes les autres blagues entendues ». Les violations du méta-modèle ont cet énorme avantage de nous simplifier la vie quand aucune ambiguïté ne vient mettre en défaut la précision. Mais dites-moi, si je vous souhaite « mes meilleurs vœux », est-ce au détriment de ceux que j’ai souhaités à la personne précédente qui deviendraient de ce fait « moins bons » ? Et ces vœux que je vous adresse comme étant les meilleurs, que vont-ils devenir si je continue à en souhaiter de semblables à quelqu’un d’autre après vous ?
Des batailles se sont transformées en massacres, des projets industriels sont tombés en faillites vertigineuses pour des imprécisions de langage, pour ces violations du méta-modèle. Je suis tout à fait d’accord pour la simplicité ; mais la simplicité n’est qu’un résultat. Le moteur de nos relations, de notre bonne communication (et surtout de notre excellente communication), c’est la précision. Et rien de tel que des questions pour obtenir cette précision : « Meilleurs que quoi ? ».
Dans votre traque des comparatifs sans référentiels, je vous souhaite de très bons étonnements…
Tous droits réservés © Daniel Dubois – Décines, 2014