Pour nous chrétiens, Noël est l’anniversaire de Jésus, Dieu et homme à la fois. Telle est notre foi, adhésion aux témoignages des disciples de Jésus, une foi personnelle vécue en Église, gardienne de ce témoignage. C’est un grand mystère. Identique à celui de notre divinisation à venir.
En naissant, Jésus s’installe en quelque sorte dans notre espace à trois dimensions et dans le temps. Comme tout un chacun, il y inscrit sa naissance, sa vie, sa mort. Dans la foi, nous croyons qu’il y inscrit aussi sa résurrection et que de ce fait, il divinise le temps et l’espace. Nous les sacralisons dans la liturgie ; lui les sanctifie.
Le temps : c’est grâce à lui que nous pouvons faire nos plannings, et réaliser ce qu’il nous est impossible de faire en un instant. C’est lui qui berce la nature nourricière. C’est lui que nous prenons pour mûrir une décision, enraciner l’amour dans la fidélité. Mais c’est lui aussi qui semble nous manquer quand nous partons trop tard, quand le chemin est plus long que prévu ou quand nous enchaînons les rendez-vous trop rapprochés. C’est lui encore qui nous tyrannise quand notre patience est à bout.
Nous ignorons totalement ce que peut être un monde en dehors du temps et de l’espace. Comme nous ne pouvons pas nous imaginer Dieu en dehors de Jésus qui nous le révèle. Lui, nous pouvons le situer géographiquement et historiquement, nous pouvons le voir et l’entendre.
Jésus a respecté le temps. Les évangiles sont discrets mais suffisamment précis sur quelques repères évocateurs : « 12 ans » (Lc 12.42), « environ 30 ans » (Lc 3.23), etc. Et quand Marthe lui reproche d’avoir tardé pour venir guérir son ami Lazare, Jésus replace son tempo dans la manifestation de la gloire de Dieu, prélude à sa résurrection (Jn 11.21-27). Très intéressant !
Méditons ce passage. Je suis invité à faire du temps mon allié ; ma manière de prendre la vie et ses contraintes peut se faire dans la douceur du temps. Voilà une sagesse élémentaire. Mais quand le temps devient un problème, alors là, il faut changer de braquet, car la manifestation de Dieu intervient dans la solution. En clair, quand nous butons sur le temps comme un poisson sur les parois de son aquarium, il faut chercher une solution au-delà de l’aquarium. En systémique, on apprend que la solution d’un problème n’est jamais sur le niveau qui l’a vu apparaître, mais toujours sur un autre niveau. Nous y sommes.
Mais ce qui nous gêne profondément, c’est de lâcher le problème. C’est de passer à un autre niveau où le problème n’existe plus comme tel. Passer sur un niveau où nous renonçons à être une toute-puissance de solution. C’est Jésus mourant sur la croix, en n’ayant pas eu le temps de convertir tous les juifs à son message…
Donc, entre continuer ce que je suis en train de faire pour le finir ou m’arrêter pour respecter une ponctualité convenue, et bien, je vais m’arrêter ! Car le temps est premier. Le temps est habité par Dieu. Je vais donc respecter ce temps-là. Dieu me donne le temps ; il me donnera bien une opportunité pour finir cette tâche inachevée.
C’est peut-être ça la liberté dans la vérité. À vous, maintenant : essayez de le vérifier avec l’espace…
Que cette fête de Noël transfigure vos souvenirs, aimante vos désirs et élargisse votre futur !
Daniel DUBOIS
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