J’ai choisi ces trois mots comme titre de mon prochain essai. Pourquoi une telle association ?
Mon approche de l’histoire de la philosophie m’a laissé un sentiment contrasté. La grande diversité des idées révèle au fil du temps, une interdépendance constante avec l’évolution des conditions de vie. Entre les grecs en recherche d’harmonie sans réponse face au mouvement et les maîtres du soupçon européens (Nietzsche, Marx et Freud) à la suite de Hegel, que de synthèses remises sans cesse en question par l’évolution du savoir humain et des technologies. Sans parler, récemment, de l’évolution de nos pouvoirs avec la Shoah et Hiroshima.
J’entends autour de moi, dans mes discussions avec mes voisins ou mes petits-enfants, dans l’actualité et ses commentaires, des regrets, des invectives et des questions qui ne sont que l’expression d’un désarroi face à une unité apparemment inaccessible sur le plan des repères.
La sagesse serait cette disposition qui nous met en disponibilité pour nous connecter au réel tel qu’il est et non pas tel que nous voudrions qu’il soit. Une manière de reconnaître nos limites et nos fragilités. Et en même temps, le point de départ d’un consensus, en vue d’une action ou tout simplement d’une conception de la réalité. Prudence, modération, justesse : apprentissage au long cours pour recevoir au mieux cet univers qui nous est donné.
L’intelligence n’est pas la qualité d’un ordinateur. Il ne s’agit pas tant de savoir calculer ou évaluer des critères pour faire le bon choix que de vouloir comprendre ce qui nous arrive en reliant les composants de notre histoire et de notre situation. Comme telle, l’intelligence associe la sagesse (avec sa vision du monde) et la volonté. Elle est proche de la curiosité, de l’étonnement, source de la philosophie et sans doute aussi, pour l’intelligence du cœur, proche de l’admiration ou de la contemplation. Elle ouvre l’esprit à la compréhension du sens.
La volonté semble être la seule des trois qui s’acquiert à force d’efforts. Elle nécessite de savoir exprimer un désir, comme l’intelligence sait définir un objectif. Ensuite, elle accompagne la réalisation de ce désir sur le chemin de son accomplissement. Volonté ou motivation ? Volonté ou persévérance ? La volonté semble en fait proche de l’amour. « Aime et fais ce que tu veux… Si tu veux parler, parle avec amour… » disait St Augustin. Aimer ce qu’on veut ; vouloir aimer. Dans cette démarche, la volonté fait l’unité de la sagesse et de l’intelligence.
Mon essai veut offrir une perspective que chacun habillera à sa manière. Après quelques définitions utiles pour cerner le sujet et quelques cas concrets pour entrer dans les détails, je propose deux mouvements : cultiver (planter, laisser germer, soigner la croissance) et recueillir les fruits que ces trois dispositions nous apportent. Donner et recevoir.
Pour mettre un peu d’ordre dans nos idées avec le bonheur en ligne de mire.
Daniel DUBOIS
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