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Progrès, évolution, métamorphose

L’enchaînement de ces trois notions : progrès, évolution, métamorphose au hasard de rencontres récentes, suscitent un étonnement que j’aimerais vous partager.

Le progrès, on en parle pas mal depuis que la croissance économique n’est plus ce qu’elle était. On avait en effet, un peu vite, confondu progrès et bonheur grâce à la satisfaction de nos désirs de confort ou de facilités. Le progrès suppose d’une part, la possibilité de changement et d’autre part, la valorisation de ce changement : en plus ou en mieux. Toujours plus titrait François de Closets en 1982.

L’évolution depuis Darwin, tout le monde connaît aussi. Ramené à mon univers personnel, j’évolue de ma naissance à la mort. Paul Valéry en affirmant : « Nous autres civilisations, nous savons désormais que nous sommes mortelles », se place sur un registre plus universel. Je note dans « évolution » par rapport à « progrès », un questionnement vers deux inconnues : l’origine et la destination de notre devenir. De notre progrès ? Mais alors, pourquoi la mort ?

La métamorphose est une opération particulière : un progrès, une évolution, qui sait ? Basiquement, c’est une rupture. Un état ancien disparaît, remplacé par un nouveau. La chenille devient papillon. Le papillon est dans l’évolution naturelle de la chenille. Mais peut-on parler de cette transformation en termes de progrès ? Peut-on dire que le papillon est mieux ou plus que la chenille ?

Pierre-Marie Beaude, dans Saint Paul, l’œuvre de métamorphose (Cerf, 2014) cherche à montrer comment le discours de l’apôtre juif fondateur du christianisme s’articule autour du principe de métamorphose. L’hypothèse est originale. Et c’est sans doute une grande expérience de l’interdisciplinarité qui permet à ce chercheur théologien une telle audace. Que ce soit au niveau personnel comme au niveau ethnique, l’évolution du judaïsme vers le christianisme ne relève pas de ces catégories d’évolution ou de progrès. Il s’agit, selon lui, d’une métamorphose.

Sans entrer ici dans la recension de cet ouvrage, disons qu’il apporte un éclairage original sur les écrits et sur l’œuvre de Paul. Bien documenté, il est profondément argumenté. Puisqu’il s’agit d’une métamorphose, le corps dans ses nombreux prolongements, occupe une place remarquable.

Je trouve particulièrement réconfortant qu’une telle recherche soit publiée aujourd’hui. Nos questions de progrès et d’évolution, tant sur le plan anthropologique que sur le plan de l’univers, sont dépouillées du flou dont la science moderne naissante les nimbaient. Nous bénéficions pour notre réflexion actuelle sur ces questions immortelles, de l’expérience de nos anciens et des connaissances techniques désormais avérées, bien qu’encore limitées. Le chrétien adhère au témoignages des apôtres sur Jésus mort et ressuscité. Cette adhésion est rupture dans l’évolution de notre réflexion philosophique sur ces questions de vie et de mort. Et cette rupture est de l’ordre de la métamorphose.

Merci à Pierre-Marie Beaude de nous donner l’occasion de le méditer.

Daniel DUBOIS

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