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Bon Temps 2015 !

J’aime ces périodes de vœux qui nous rapprochent. Pour envisager l’avenir favorablement. D’abord celui des autres, mais curieux cependant de la réciproque. Cette année, je suis sensible à cette notion de temps qui passe associé au désir de bonheur.

L’enfant vit dans le présent. Tout ce qui n’est pas présent est positionné demain, l’autre temps que le présent. Progressivement, le temps linéaire s’impose : il y a le passé et le futur. Il en faut des frustrations, des souffrances mêmes, pour commencer à faire le tri entre les regrets du passé, les désirs du futur, et l’acceptation pure et simple de « l’ici » et du « maintenant ». Le futur, avec l’âge qui avance, devient chaque jour plus mystérieux. On peut l’habiller de crainte, bien sûr ; mais se justifie-t-elle ? On fait des projets ; mais quelle différence entre des souhaits, des désirs profonds, des rêves inaccessibles ? Quand la mort approche, faut-il vivre d’espoirs ou d’espérance ?

Dans son encyclique, La joie de l’Évangile, François fait la distinction entre temps et espace, donnant la priorité au temps pour « s’occuper d’initier des processus plutôt que de posséder des espaces » (§223). En vous souhaitant « Bon Temps en 2015 ! », je vous souhaite, à sa suite, de donner la priorité au temps. Je vous souhaite de ne pas courir les espaces de nos univers plus ou moins factices ou virtuels sans savoir où aller en fait, pour vous intéresser aux processus qu’il est en votre pouvoir d’initier et d’accompagner. Ce faisant, vous nourrirez l’espérance du monde. Le temps n’est rien en dehors de notre manière de l’habiter par nos engagements, par nos actes. Le bon temps ressemble au bon moment, ce kairos des grecs et de l’apôtre Paul, le moment favorable. Sachons le saisir.

Le bon Temps, exprime aussi le temps du bonheur. Mais, peut-être par peur d’un bonheur sacré, illimité, nous restreignons ce vœu à une durée, un temps entre deux repères. Et voilà que nous rentrons dans ce jeu des limites sous prétexte d’être honnêtes. Comme s’il s’agissait d’espaces, dont notre planète sphérique nous rappelle sans cesse le paradoxe : limitée, mais avec un horizon toujours fuyant. Nous exprimons en fait au milieu de ces contradictions, notre désir pour l’autre de trouver son bonheur dans le temps qu’il habite au fur et à mesure de son déroulement, et plus précisément, au fur et à mesure de nos engagements et de nos actes.

Qui dit bonheur, dit ressenti. Notre individualisme d’explorateur arrivé y attache beaucoup d’importance. Surtout dans l’instant. Alors que, selon François, le « la bonté du grain […] se manifeste en son temps » (§225). Oui, les ressentis, comme nos en-vies, sont importants. Encore faut-il qu’ils s’intègrent dans un passé libéré de ses regrets, ressentiments, remords, rancunes et autres désirs de revanche, tous ces « R » mortifères. Encore faut-il qu’ils ne réduisent pas notre futur à nos espoirs, mais le dynamisent avec une espérance profonde – ce désir hors du temps, justement – où ils n’auront peut-être plus leur place.

Que ce bonheur, présent aussi dans l’escarcelle de la vie comme le bon grain dans le champ d’ivraie, vous arrive au bon moment, maintenant ou plus tard. Et que vous sachiez le reconnaître comme un signe d’espérance.

Daniel DUBOIS

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